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Caravan Palace, à Nantes

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Jazz manouche, électro, swing, house...Les Caravan Palace ne se refusent rien et réussissent tout ce qu'ils entreprennent ! Avec la sortie de leur quatrième album studio "Chronologic", ils démontrent encore tout leur profond amour pour les prises de risques et le mélange des genres. Et si l'Amérique leur fait les yeux doux, ils n'oublient bien évidemment pas leurs fans français : En 2020, le collectif va sillonner la France et enflammer les salles de concerts hexagonales. Ça démarre début mars ! Entretien avec Zoé Colotis, la chanteuse du groupe.




Sortir : Caravan Palace a 15 ans d'existence... Quand vous faites la rétrospective de votre carrière, quels souvenirs arrivent immédiatement en tête ?

Zoé :
 La rencontre déjà, forcément. Pour moi, avec le groupe. Le groupe s'est crée en plusieurs temps. D'abord Charles, Arnaud et Hugues avaient un groupe de musique de swing et jazz manouche et en parallèle une activité de producers comme on dit en américain. Ils faisaient chacun de la musique électronique. Ils se sont réunis pour créer la bande son d'un projet de documentaire de Canal + qui remettait au goût du jour les films pornographiques des années 30. Le projet ne s'est pas fait mais la bande son a été entendue par Loic Baron du café de la Danse, qui s'est montré partant pour produire un disque. Ils se sont lancés là dedans et sont partis en studio. Puis, ils avaient envie d'incorporer de la voix et ils se sont mis en quête d'un chanteur ou d'une chanteuse. Je les ai rencontré via MySpace, dans un premier temps, puis je suis venue chanter avec eux dans un bar avec leur groupe de musique accoustique. Donc, on s'est rencontrés sur scène. Il y a tout de suite eu une forme d'évidence. Ça s'est lancé comme ça.

Sortir : Il y a une sorte de dualité dans votre nom de scène Caravan Palace. Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Zoé : Au départ, je n'avais pas encore rencontré les garçons quand ils ont choisi ce nom. Ils trouvaient que ça représentait assez le projet, en ce sens que Caravan est un standard de Duke Ellington et que Palace, c'était une boite de nuit parisienne. Ça faisait référence aux deux influences majeures du groupe. Puis, à l'usage, on s'est vite rendus compte que le nom collait assez bien au projet dans le sens où il y a un côté très bricolage dans notre manière de travailler, de faire de la musique, un côté très organique par moments. Et puis, à contrario, des moments où c'est assez royal. On peut jouer dans des petits festivals de manière un peu artisanale ou dans des grosses machines comme Coachella. Il y a dans ce groupe ces deux facettes : On peut se servir d'une guitare préparée avec du scotch et en même temps, se produire dans un endroit magnifique et disposer d'un catering avec traiteur (rires). On va d'un extrême à l'autre pour a peu près tout : De nos états d'âmes, à notre façon de travailler, en passant par le contexte dans lequel on va travailler. Je trouve ça très intéressant de ne pas se cantonner à un type d'influence, un type d'environnement, un type de public mais vraiment d'essayer de goûter à tous les plaisirs de la terre ! (rires). 

Sortir : Vous avez sorti fin août votre tout nouvel album Chronologic. Il est assez différent du précédent. A quoi est dûe l'évolution de votre musique ?

Zoé :
 Je pense que l'évolution est palpable sur l'ensemble des 4 albums. A chaque fois, on a essayé d'aller dans des endroits qui nous plaisaient au moment où on posait les albums. Pour le premier, les gars étaient à fond dans leur pratique du swinging et du jazz manouche et un peu dans un kiff de house et de french touch. Ensuite, sur le deuxième, ils étaient plutôt dans une période très techno minimale allemande et grosse musique avec beaucoup de synthès dedans. Tout en essayant de garder quand même, par petites touches, ce qui avait été cool dans le premier album. Pour le troisième, on était un peu dans une période intermédiaire avec l'envie de prendre un virage plus « pop ». Un morceau comme Lone Digger, par exemple, c'était une volonté, de réaliser un morceau avec des couplets et des refrains tout en gardant notre amour pour la musique instrumentale, le sampling et le vintage. Le quatrième, c'est la suite de ça. Avant, la voix sur les premiers albums était plus utilisée comme des samples alors que maintenant, on utilise la voix vraiment comme de la voix. Un genre de squelette du morceau. Les parties musicales s'organisent autour des interventions vocales. Du coup, on s'occupe un peu plus des textes puisque tout s'articule autour de ça. On était davantage attachés à la sonorité des textes auparavant puis on s'est tournés vers le sens avec des mélodies et des clips qui racontent quelque chose.

Sortir : Vous avez joué à Coachella, Glastonbury, Les Vieilles Charrues... Quelle est, pour vous, la différence entre le public français et le public anglo-saxon ?

Zoé :
 Dans la mesure où on chante en anglais, le public anglo-saxon connait plus facilement les paroles ! (rires) Ils chantent plus volontiers pendant les concerts avec nous en Angleterre qu'en France. C'est un petit détail. Je pense qu'ils sont plus sensibles majoritairement dans le sens où le jazz et le swing sont un peu des musiques traditionnelles là bas. Nos références à ces musiques-là, c'est plus naturel pour eux. Il y a peut-être une assimilation directe. En France, le jazz, ça va peut être être plus un truc d'initiés alors qu'en Amérique, pendant la période de Noël, ils écoutent Frank Sinatra à la radio, c'est hyper normal. Ils sont habitués à des sonorités,à certaines couleurs musicales, à certains types de gammes... Un peu moins en France. Du coup, il y a certainement un rapport moins direct au plaisir, c'est plutôt à la ré-écoute. Pas tous ! Il y a évidemment un gros public français qui apprécie le jazz. Ensuite, il y a aussi ce côté très naturel qu'ont les américains à accepter l'entertainement sur scène avec de la danse, un show lumière assez chiadé, des interventions de cuivre. Là ou en France, on est plus dans une tradition de la variété française avec peut-être moins d'effets de show et plus de soin accordé aux textes. Après, c'est moins vrai pour le rock français par exemple. Je parle spécifiquement de la variété française. C'est dit de manière générale, mais il y en a beaucoup qui font exception en France heureusement.

Sortir : Comment qualiferiez-vous votre relation avec votre public ?

Zoé :
 Elle est hyper chouette. On a un public vraiment sympa ! Un public assez varié en termes d'âge, de sexe...aux goûts assez éclectiques. Comme on se permet beaucoup d'influences différentes, ils nous suivent facilement là dessus. Ils comprennent le fait de ne pas se cantonner à un style. Quand on regarde dans la fosse, on voit tout type de gens qui kiffent au même niveau, ensemble, c'est vraiment chouette. Sur la tournée anglaise qu'on vient de finir, c'était vraiment touchant de voir les gens rester dans la salle et danser entre eux alors qu'ils ne se connaissent pas. Ça m'a vachement ému. Ça montrait qu'ils avaient envie encore de s'amuser. On a un public hyper respectueux, qui ne nous importune jamais. C'est un peu différent en festival car ce n'est pas que notre public. Mais dans nos concerts, c'est une ambiance très sweet. On a trop de chance !

Sortir : On vous qualifie de groupe très énérgique et à la joie de vivre communicative. Est-ce que ça ne serait pas finalement le public qui vous donne cette énergie ?

Zoé :
 Je pense que c'est les deux. On se reconnaît entre kiffeurs de la vie ! (rires). Nous sommes vraiment des personnes qui aimont la vie et la scène. Enfin, la scène, certains plus que d'autres. Il y a des gens un peu plus reservés dans leur manière d'en témoigner mais qui, pour autant, apprécient vraiment la chance de faire ce métier et d'avoir autant de gens qui viennent nous voir. C'est une chance énorme ! Surtout pour partager d'aussi bonnes vibes ! Vraiment, c'est royal. 

Sortir : Vous chantez majoritairement en anglais... Est-ce que cela veut dire que vos inspirations sont uniquement anglo-saxonnes ? D'ailleurs, quelles sont vos inspirations ?

Zoé :
 On est nombreux ! On a tous des goûts très éclectiques. Mais majoritairement, on écoute de la musique anglo-saxonne, c'est vrai. C'est aussi la musique la plus facilement diffusée donc je pense que c'est le cas de beaucoup de gens aujourd'hui. Après, dans nos influences, il y a aussi beaucoup de musiques du monde, musique de l'est, musique africaine.. J'écoute personnellement pas mal de chansons françaises, les garçons un peu moins.

Sortir : Qu'écoutez-vous par exemple ?

Zoé :
 Vraiment de tout. Par exemple, j'écoute beaucoup de rap français, je dirais même francophone car il y a aussi des belges dans l'histoire. Il me faudrait 3 heures pour que je cite tous les artistes que j'écoute ! (rires)

Sortir : Le groupe a vu sa notoriété exploser avec les titres Jolie Coquine en 2008 et Suzy en 2009... Comment avez-vous vécu cette forte médiatisation ?

Zoé : C'est un peu raccourci comme formule. Jolie Coquine et Suzy, c'était des morceaux du premier album, qui a fait un disque de platine en France. C'est l'album le plus connu en France, ce qui veut dire que dans l'imaginaire collectif, on est perçus comme un groupe de jazz manouche – electro. Quand on écoute le dernier album, et y en a eu 3 autres depuis, on peut se rend compte qu'on a sacrément évolué. Concernant la notoriété, elle a été quand même relative, ça n'a pas non plus été ouf. On a pas vraiment eu de différence de vie. Le truc chouette, c'est que ça nous a ouvert les portes de certains types de festivals auxquels on a pu accéder. C'est ça le changement majeur.

Sortir : Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

Zoé :
 Déjà, de continuer à être inspiré musicalement parce que c'est quand même la clé. Ensuite, d'être en bonne santé pour continuer à faire de la musique dans de bonnes conditions car c'est beaucoup de travail.  Il y a ce que les gens voient sur scène mais il y'a énormément de travail en dehors. Et puis enfin, garder ce lien de fidélité avec le public et qu'il continue de nous suivre même si on prend des risques !

Propos recueillis par Alexis Schuft

Publié le 23/02/2020 Auteur : Alexis Schuft


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