1961, putsch d'Alger, guerre d'Algérie... Un sujet sensible, une technique audacieuse : sur fond de fiction, c'est un fait historique qui est revisité. « Au-delà de la commémoration de l’indépendance de l’Algérie, il y avait l’envie de raconter une histoire en épousant le point de vue de chacun des stéréotypes de l’époque : Jacquot, le jeune soldat dépassé par la guerre, Thomas, le fils de grand propriétaire tenté par l’OAS, et Malika, la jeune militante du FLN » explique Franck Chiche, le réalisateur. C'est effectivement ce qui est intéressant dans le récit : si Malika défend une Algérie indépendante et Thomas l'Algérie française, ils le font tous les deux le plus sincèrement possible, chacun avec ce qui leur semble être de bonnes raisons. Et c'est, sans jamais dire qui de l'un ou de l'autre à tort ou raison, ce que s'applique à montrer le film : les bons, comme les salauds, sont partout.

 

Mais surtout, c'est techniquement que le film se démarque : intégralement tourné sur fond vert, fond ensuite remplacé par des décors peints, et interprété par des comédiens maquillés dans un style BD, le résultat mi-bande dessinée animée, mi-film d'animation, surprend. Comme s'il y avait différentes cases de BD, les mouvements et les dialogues sont décomposés, et ces images par à-coups, ces « micro arrêts sur image » peuvent gêner. Qu'importe, Franck Chiche parvient à parler de violence et de déception sans heurter, et c'est peut-être grâce à ce parti pris graphique qui offre une certaine distance.

 

A noter : la présence de Samir Arab, un comédien de la région qui se produit régulièrement au Spotlight (Lille). Fin 2012, il nous parlait de Je vous ai compris comme d'un « film très particulier qui utilise la technique du composting : un tournage sur fond vert, ce qui donne l'impression, à l'écran, de regarder une bd. C'est la première production française du genre. »