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théâtre

La Bajon : « Souvent on me dit « tu fais de l'humour trash », mais je fais simplement l'humour avec lequel j'ai grandi »

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Connue pour l'irrévérence de ses sketchs et sa légion de personnages satiriques, La Bajon nous convie à un voyage au cœur son univers comique, dans un nouveau spectacle intitulé ExtraTerrienne. Nous avons eu le plaisir de la rencontrer pour en parler.

Sortir : Pouvez-vous me parler de vos débuts dans l'humour ?

La Bajon : J'ai commencé tout simplement par faire des scènes ouvertes dans Paris. J'ai testé 5 minutes de sketch, puis 5 autre minutes, puis 5 autres jusqu'à avoir 1h. J'ai fait un premier spectacle qui s'appelait Ça va Piquer, puis le deuxième, Vous Couperez.

Sortir : Pouvez-vous expliquer d'où vient le titre de votre nouveau spectacle, Extraterrienne ?

La Bajon : C'est en fait un ami qui m'a proposé ce titre. J'avais du mal au départ à trouver un nom. Mais j'ai eu un flash et « Extraterrienne » correspondait à ce que l'on a voulu dire dans ce spectacle. C'est vraiment une terrienne qui s'extrait de la Terre et qui va aller chercher un renouveau quelque part. Ce nom correspondait vraiment bien au personnage.

Sortir : Que raconte le spectacle ?

La Bajon : On part d'un constat, que l'on a bousillé la Terre, et du coup j'emmène des volontaires (les spectateurs) dans ma navette spatiale, on va direction Mars et on en profite pour créer une nouvelle civilisation, un nouveau monde. On prend vraiment du recul par rapport à ce qu'il se passe sur Terre. Chaque personnage va être l'occasion de régler un problème sur Terre.

Sortir : Comment avez-vous choisi ces sujets, ces problèmes que vous abordez ?

La Bajon : Déjà depuis toute petite je rêvais d'être spationaute, tout ce qui a trait à l'espace m'a toujours attiré, fasciné même. Puis j'avais envie de faire un voyage. Ce que j'aime dans mes spectacles c'est d'emmener les gens dans un univers, dans une histoire, et là on fait un vrai voyage. A un moment donné, on s'arrête à la station spatiale internationale, on va jusqu'à Mars, c'était l'occasion de proposer quelque chose de vraiment différent. Dans Vous Couperez (ndlr : son précédent spectacle) on riait des politiques, aujourd'hui, on va plus rire de la vie dans la cité, de l'organisation de notre vie à nous, les humains. On parle moins de politique et plus de sujets de société, mais le spectacle dénonce encore beaucoup. On reste sur un humour assez militant quoi qu'il arrive

Sortir : On peut le voir dans vos vidéos, dans vos sketchs et dans vos chroniques, vous avez un certain goût de la caricature, d'où cela-vous vient-il ?

La Bajon : À la base ça vient d'une formation de comédienne, parce que je viens d'une troupe théâtrale d'improvisation, puis après j'ai fait les cours Simon. Et j'adore jouer des personnages qui sont assez loin de moi. Dans la vie je suis plutôt quelqu'un de gentille, et de jouer les femmes cruelles ou les femmes de pouvoir c'est drôle parce que ça amène quelque chose de complètement différent de ce que je suis.

Sortir : Votre spectacle est donc un spectacle de sketchs et de personnages. Est-ce difficile de défendre un spectacle de ce type quand la tendance est plutôt du côté du stand-up ?

La Bajon : Non parce que je suis très contente de faire quelque chose de différent des autres. Quand tout le monde emprunte le même pont, si le pont se casse la gueule au moins je ne serais pas dessus. Et aussi parce que je ne sais pas faire de stand-up « pur », je m'ennuie assez vite. Et puis finalement, ce sont mes personnages qui font du stand-up, donc ce n'est pas si différent. Ça rajoute une folie, et ce que je veux dire par là c'est qu'il n'y a pas de quatrième mur. Si par exemple quelqu'un va aux toilettes pendant le spectacle, on s'arrête de parler et on s'occupe de cette personne.

Sortir : Donc il y a une partie impro au sein du spectacle ?

La Bajon : Oui exactement ! J'aime bien qu'il y ait une partie improvisation.

Sortir : Justement vous faites beaucoup participer le public...

La Bajon : Oui j'aime faire ça parce que ça laisse une part à l'imprévu. J'aime ce côté "on ne sait pas où on va, mais on y va quand même".

Sortir : Vous auriez une anecdote à nous raconter par rapport à cela ?

La Bajon : Oui et d'ailleurs je l'ai filmée et postée sur les réseaux sociaux, récemment j'ai fait une impro où quelqu'un se lève pour aller aux toilettes et où je pars à sa poursuite (rires). J'aime bien quand ça part un peu en vrille et qu'à un moment donné du spectacle il y ait un instant de folie. J'aime bien sortir de mon texte, j'adore ça même.

Sortir : Quels sont vos modèles et inspirations dans l'humour ?

La Bajon : J'ai grandi avec Coluche, avec Le Luron, avec les Inconnus, avec les Guignols. Avec un humour beaucoup plus décomplexé que celui d'aujourd'hui. Souvent on me dit « tu fais de l'humour trash », mais je fais simplement l'humour avec lequel j'ai grandi, et qui n'a pas toutes les barrières que l'on peut se mettre aujourd'hui.

Sortir : Il y a tout de même des artistes actuels qui vous inspirent ?

La Bajon : Oui bien sûr, il y a toujours les Inconnus, il y a aussi Blanche Gardin ou Florence Foresti tous ces gens-là qui ont une vraie personnalité sur scène, qui sont uniques.

Sortir : On vous dépeint beaucoup comme une humoriste engagée, est-ce que vous vous reconnaissez dans ce terme ?

La Bajon : Non pas vraiment pour être honnête, « engagée » cela voudrait dire que j'ai choisi un camp. En fait je n'ai choisi aucun camp, je suis vraiment athée en politique comme en religion.

Sortir : Vous avez d'autres projets en-dehors du spectacle (vidéos, chroniques radio...), pourriez-vous m'en dire plus sur ces projets là ?

La Bajon : Oui je suis tous les mardis, mercredis et jeudis sur Rire et Chansons, et je m'amuse vraiment beaucoup parce que j'ai pu créer des personnages qui sont différents. C'est un autre exercice, j'ai pris un rythme avec ces chroniques et je m'amuse vraiment ! On est aussi sur l'écriture d'une série humoristique qui est actuellement en projet. Et puis j'ai sorti un livre qui s'appelle Vous n'y Couperez Pas, qui est sorti aux éditions du Cherche Midi, c'était une manière de dire au revoir à mon personnage de l'avocate que j'incarnais dans mon spectacle Vous Couperez.

Sortir : Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour la suite ?

La Bajon : Que ça continue ! Que l'aventure se poursuive, et puis de la chance aussi.

 

Propos recueillis par Nicolas Lecomte

Crédit photo : Alain Denis

Publié le 02/03/2023 Auteur : nicolas lecomte

Le 4 avril au Palais des congrès et des expositions de Perpignan

Le 2 mai à la Commanderie de Dole


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