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concerts

Paul Personne à Marseille

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Après quelques longues années d'absence, le chanteur guitariste Paul Personne revient sur scène, sa Gibson à la main pour présenter son nouvel album Funambule (ou tentative de survie en milieu hostile). Entre riffs endiablés et paroles engagées, le rockeur allume toute la France dans une tournée exceptionnelle.

 

Sortir : Pourquoi avoir choisi le titre Funambule pour votre album et le sous titre Ou tentative de survie en milieu hostile ?

 

Paul Personne : Tentative de survie en milieu hostile c'était le titre initial. Il correspondait bien au ressenti que j'ai depuis la cours de récré : la vie est difficile et semée d’embûches. Je voulais un mot qui puisse faire le résumé de ma pensée, Funambule est alors arrivé. Ce mot résume bien cette position : essayer de se tenir debout tout au long de la vie le plus dignement possible. Ces titres récapitulent les chansons de l'album et mon ressenti sur l'époque actuelle.

 

Sortir : Quels sont les thèmes que vous souhaitiez aborder dans cet opus ?

 

Paul Personne : Au départ, je n'avais pas de cahier des charges en me disant « je vais parler de ça », j'ai été interpellé par des choses, des sensations enfouies qui sont remontées à la surface. J'ai été inspiré par les journaux télévisés, par ce qui se passe dans le monde, par les discussions des gens... L'album parle de sentiments et de colère. La colère d'un être humain qui se balade sur la planète en constatant les dégâts.

 

Sortir : Comment avez vous imaginé et composé votre album ?

 

Paul Personne : L'imagination vient toute seule. Il y a des jours je prends une guitare pour m'amuser et il y a une mélodie, un riff, une suite d'accords qui tombent. Pour les mots c'est quasiment la même chose, je griffonne sur un carnet, je parle dans un dictaphone, j'entasse des sentiments et au bout d'un moment, une envie de raconter quelque chose arrive. Je ne me sens pas obligé de réaliser un album tous les ans, parfois je suis en stand-by et j'attends que ça vienne, d'autres fois l'envie de raconter une histoire, de repartir sur la route déborde et je me lance.

 

Sortir : Combien de temps avez-vous mis pour le composer ?

 

Paul Personne : J'ai commencé à faire un bilan en 2016 en triant toutes mes idées. J'avais environ 50/60 ébauches de chansons, mais, c'était un peu long, alors, j'ai trié, j'ai fait appel à d'autres personnes pour agrémenter l'inspiration et je suis reparti en solitaire à essayer de faire des petites démos chez moi pour voir dans quel esprit je voulais que l'album sonne. Puis, sont arrivées les élections américaines et françaises : une sorte de dégoût m'a envahi et j'ai voulu raconter ma déception de l'être humain, parler de son manque d'évolution. Je suis rentré en 2018 en studio et l'album est sorti fin mai 2019. J'y suis vraiment allé à mon rythme, il n'y avait aucune notion d'urgence. J'y suis allé tranquille vraiment, comme dans ma vie en général, je me sens pas pressé de quoi que ce soit et je ne me sens pas obligé de ramener tout le temps ma fraise. Après, j'ai cherché des musiciens, j'ai trouvé des mecs cools, jeunes, supers sympas et qui jouent vraiment bien et voilà !

 

Sortir : Qu'est-ce que le blues pour vous ?

 

Paul Personne : La vie de tous les jours. Une sensation de solitude au cœur d'une société encombrante. C'est un sentiment que j'ai vraiment depuis que je suis môme : être seul face à cette adversité face au pouvoir, aux grandes gueules qu'il peut y avoir dans une cours de récré. Je me rendais déjà compte de tout ce qui allait venir, et, j'ai alors vu, dans ma vie d'ado, dans ma vie d'adulte (enfin adulte c'est un grand mot pour parler de moi) que le monde tournait mais ne changeait pas vraiment. D 'ailleurs en ce moment il a plutôt tendance à régresser. Le blues c'est un peu tout ça : avoir du mal à trouver sa place, à vivre avec les autres, à être bien dans ses pompes.

 

Sortir : Souffrez-vous de l'étiquette de bluesman ?

 

Paul Personne : Je n'en souffre pas car j'ai été beaucoup influencé de tous ces pionniers du blues, de ces chanteurs noirs américains. J'ai d'ailleurs aussi été bercé par le rock anglais et américain qui s'inspirait lui même du blues. Et, dès le moment ou j'ai eu un peu de succès on m'a mis ce tampon de bluesman sur le front que je ne renie absolument pas mais, je ne me sens pas non plus comme tel. Je respecte trop ces personnes qui m'ont éduqué grâce à des disques ou des rencontres pour me considérer comme leur égal. Je suis un petit français de banlieue parisienne qui fait son bonhomme de chemin et qui pioche ce qui l’intéresse dans tous les styles de musiques, mais aussi, dans la littérature, la poésie, l’argot.... Il est vrai que dans les années 80 il y avait un malentendu, quand j'arrivais, tout le monde attendait le bluesman de service et parfois réclamait « Hé Paulo, fais nous un blues ! », mais je ne faisais pas que ça, je ne faisais pas que Sweet home Chicago tous les soirs. Avec le temps, les interviews, les musiques, il y a eu une mise au point, une compréhension de qui j'étais vraiment.

 

Sortir : Parlez nous de votre rencontre avec le rock.

 

Paul Personne : C'était très spontané ! Quand j'étais gosse, j'écoutais la radio de mes parents, ensuite, il y a eu les premières télés et un jour j'y ai vu Johnny Hallyday qui se roulait par terre avec sa guitare et son froc en cuir... et moi j'avais quoi ? 11 ans je me disais « Wahou », mes parents détestaient évidemment, mais, pour moi c'était le début de quelque chose, c'était le déclic, je me mis à fabriquer une guitare avec du carton, à écouter des 45 tours, à jouer de la batterie, à monter des groupes avec mes potes... Et puis il y a eu la british invasion avec les Beatles, les Stones, l'américaine avec Bob Dylan, Janis Joplin, Aretha Franklin et c'était génial ! Ces années là étaient tellement riches de nouvelles choses qui, en plus, prônaient un monde meilleur, contre la violence, ces idées me parlaient énormément ! Cette musique a révolutionné la culture et ma vie !

 

Sortir : Quelle est votre relation avec la guitare (qu'elle soit réelle ou en carton) ?

 

Paul Personne : Celles avec lesquelles je jouent aujourd'hui sont bien plus intéressantes que celles en carton que je fabriquais je dois dire ! Cet instrument est une super trouvaille, on peut l'embarquer partout, on peut en jouer partout et n'importe quand sans même faire de bruit, sans réfléchir, en improvisant. La guitare permet de s'exprimer spontanément, c'est ludique on en joue un peu, on la repose, on la reprend... elle fait partie intégrante de ma vie, c'est une relation fusionnelle que j'ai avec. Si je devais choisir entre ma voix et mes mains, je choisis les mains pour pouvoir continuer de gratter ! Sur scène, quand j'arrête de chanter, c'est ma guitare qui prend le relais très spontanément.

 

Sortir : Pourquoi avoir choisi le nom de Paul Personne ?

 

Paul Personne : Un moment donné, après avoir été longtemps dans des groupes, je me suis retrouvé tout seul et j'ai voulu faire un truc comme les amérindiens qui suivant les événements différents de leur vie changeaient de nom. Je me sentais seul, je me sentais pas grand chose et j'ai trouvé que Personne ça racontait bien ce qu'on pouvait être, à la fois, un grain de poussière et à la fois partie intégrante de ce monde. De plus, je voyais les politiciens à la télé avec leur suffisance, leur arrogance, à se prendre pour le centre du monde, j'ai trouvé cela super triste et très peu humble. Dans un autre temps, je lisais l'Odyssée d'Ulysse. J'ai adoré le coup du Cyclope qui, une fois vaincu, demande son nom à Ulysse qui répond « Personne ». Je dois préciser que ce nom ne vient pas du tout du western Mon nom est personne contrairement aux rumeurs. Toutes ces anecdotes ont fait que je trouvait ça marrant comme nom, en plus, cela donne un coté un peu américain, un peu bluesman justement.

 

Sortir : 40 ans carrière, ça fait quoi ?

 

Paul Personne : Je me rends pas vraiment compte... je suis reconnaissant évidement d'être toujours là parce que quand j'avais 20 piges je ne m'attendais pas à atteindre cet âge là car pour moi les années 2000 c'était de la pure science-fiction et je ne pensais pas arriver à faire de la musique aussi longtemps. Je suis étonné de pouvoir continuer, d'avoir toujours un public alors que je ne suis pas très médiatisé. Je fais ce que j'ai envie, sans compromis et je joue encore partout en France devant des salles pleines. Je ne suis jamais très fier parce que je considère pas que mon travail est absolument génial et j'essaie toujours de faire mieux, mais, je suis très reconnaissant je l'avoue. Je me regarde dans la glace en me disant « mec tu as fait aucune concession et on vient encore t'écouter », je trouve ça vraiment chouette. Je suis pas fan du mot carrière mais le temps s'est écoulé, je suis toujours là, je fais toujours ce dont j'ai envie et les gens continuent de m'écouter et je trouve ça vraiment bien.

 

Sortir : Plutôt scène ou studio ?

 

Paul Personne : C'est très complémentaire ! Mais, au départ, j'ai un coté très solitaire et timide du coup, je dirai plutôt studio car la scène c'est un challenge. C'est compliqué d'aller sur scène devant des gens pour raconter des trucs (alors que je me prends pas pour le centre du monde), et puis, on ne sait pas à l'avance comment cela va sonner, si le public va bien aimer... Un concert c'est toujours un grand point d'interrogation. J'ai donc tendance à dire que je préfère le coté créatif d'un studio. Cependant, les concerts c'est cool aussi, on met une valise et une guitare dans la bagnole, on regarde défiler la route, on rencontre des gens, on voit des anciens visages, des nouveaux visages, des bras levés, des applaudissements, des étoiles dans les yeux... et ça c'est super !

 

Sortir : Vous écoutez quoi en voiture ?

 

Paul Personne : La radio, j'aime écouter des trucs que je ne connais pas, j'aime être surpris. J'adore aussi, bien évidemment, écouter les Doors, James Taylor ou Jimmy Hendrix. J'aime aussi parfois, ne rien écouter, rêvasser et regarder le paysage (ou la route si c'est moi qui conduis... !).

 

Propos recueillis par Laura Fortes.

Publié le 20/02/2020 Auteur : Clémence BRY

Le 5 mars 2020 à 20h30
Tarif : 26€
Le Moulin
47 bld Perrin
Marseille

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