Visuel 18 Matisse.JPG50 oeuvres d'artistes américains et européens des années 50 jusqu'à la fin des années 60 répondent à 13 oeuvres de Matisse, un mouvement de comparaison sensationnel, une exposition inédite, par les chefs d'oeuvre extraordinaires montrés, prêtés par d'autres musées, par la mise en regard, pour la première fois, des travaux de Matisse avec ces artistes contemporains, par leur renommée internationale : Pollock, Rothko, Newman, Villeglé, Hantaï, Kelly, Rouan, Viallat dans une même pièce ! Une idée pleine d'audace, retraçant les influences, de Matisse, qui exposa dans les années 30 et 40 aux Etats-Unis, sur les artistes américains, qui ont à leur tour inspiré les artistes européens, ces derniers ignorant eux-mêmes l'attirance matissienne à la source. Sans oublier les Européens influencés directement. Vous suivez toujours ?


Petite visite avec Emilie Ovaere, la commissaire, mais surtout l'instigatrice : « Ce sujet est souvent traité dans les livres, théoriquement, jamais il n'y eut d'exposition. OnVisuel 07 Morris Louis.jpg a resserré le propos sur quinze artistes, sur une triangulaire d'influences. On nous a dit que ça allait être difficile : comment allez-vous faire venir un Rothko au Cateau ? Et finalement, on a eu presque toutes les oeuvres ! Les contre-propositions des conservateurs et collectionneurs privés ont alimenté l'exposition. » Et les artistes eux-mêmes : « Viallat avait une idée précise de l'oeuvre de Matisse qu'il désirait en regard de la sienne : La nature morte au coquillage est donc exposée pour la première fois. Viallat voulait absolument celle-là car il s'intéresse, comme Matisse, au processus de création, veut montrer comment est fait ce que l'on voit dans le tableau » Le parcours, fluide, épuré, de plus en plus intimiste aussi, révèle vite les époustouflantes similarités entre les uns et les autres, exposition à la fois pointue et accessible. Chacun peut s'amuser à trouver les ressemblances, couleurs, bien sûr, mais aussi formes, techniques, thèmes, deviner lequel est le Matisse, s'émerveiller devant des oeuvres vues dans les livres. Un livret pédagogique, que l'on ramène chez soi en souvenir, des cartels bien développés, une chronologie à l'entrée, et une médiation le week-end, terminent de rendre ce fabuleux événement accessible à tous. Et parallèlement, l'exposition passionne les spécialistes Visuel 06 Tuttle.jpgdu monde entier ! « C'est un cercle vertueux : si on a obtenu ces prêts, c'est grâce aux expositions précédentes, ayant permis d'asseoir la réputation du musée. Depuis l'ouverture, on a eu des réactions extrêmement positives. Faire venir des Rothko, Pollock, Newman au nord de Paris, on n'est pas peu fier ! » Tout cela a demandé près de 3 ans de travail acharné. Quand Emilie dévoile les oeuvres, les installe, l'émotion prend le pas : « on restait dans la théorie, là on a ouvert les caisses : j'ai pleuré ! »


Les ponts se créent d'eux-même entre les toiles, les sculptures, les dessins : « Kelly réalise un travail de fragmentation. Comme disait Matisse : « abstraction sur une racine de réalité ». Kelly a toujours un rapport à la réalité que l'on retrouve chez Matisse. Tous ces artistes ont renouvelé une manière de peindre, tout comme Matisse, Pollock avec le dripping, Rothko avec ce jus proche de la teinture. On se rend compte que ces artistes sortent du tableau. » Une dernière cerise sur le gâteau : pour la Nuit des musées (16 mai - Gratuit), Cécile Loyer, chorégraphe invitée par Danse à Lille, animera le musée.