Iolanta et Aleko
L’un, créé à Saint-Pétersbourg en décembre 1892, allait être l’ultime partition lyrique de Tchaïkovsky, l’autre, présenté pour la première fois à Moscou six mois plus tard, est le coup d’essai d’un étudiant de vingt ans, Serge Rachmaninov, dont la carrière devait en définitive rester tournée vers son instrument, un pianistecompositeur encore bien jeune, que son grand aîné considérait néanmoins, avec clairvoyance, comme le seul de sa génération à pouvoir porter jusqu’au cœur du XXe siècle le romantisme consubstantiel de la musique russe.
Faire entendre dans la même soirée Iolanta et Aleko a donc beaucoup de sens malgré les divergences entre les deux ouvrages. Le conte mettant en scène une princesse aveugle, à laquelle Tchaïkovsky s’est identifié comme il s’identifiait à toutes ses héroïnes, semble en effet très différent de la sombre histoire de jalousie que Pouchkine, inspirateur du livret d’Aleko, a située chez les Tziganes.
Mais les lignes de chant autant que la tension lyrique qui sous-tend les deux partitions créent une belle parenté entre elles. La passion coule avec une ferveur mélodique et une chaleur musicale qui rendent attachants tous les personnages en présence, dans le palais du roi René comme dans le campement des nomades qui se qualifient eux-mêmes de sauvages.
Pour ce projet qui vient ouvrir leur saison 2018-2019, avec la complicité de l’Orchestre Symphonique de Bretagne, Angers Nantes Opéra et l’Opéra de Rennes se sont alliés au Théâtre Bolchoï de Minsk, l’une des plus grandes scènes du continent européen, qui nous envoie la fine fleur de son école de chant.
Publié le 22/08/2018