Aurore

Si Aurore, en dépit de son point de départ finit par devenir un film lumineux, c'est que Blandine Lenoir a trouvé en Agnès Jaoui une parfaite interprète pour son personnage. L'actrice donne vie avec finesse à un personnage riche et attachant qui ne sombre jamais dans le misérabilisme grâce au parti pris généreux et malin de la cinéaste. En dépeignant les travers d'une société encore largement dominée par les hommes, la réalisatrice ne signe jamais un portrait à charge mais préfère s'attacher en quelques plans à décrire une situation que bien des mots n'approcheraient pas plus justement. Harcèlement, brimades, sexisme... tout y passe sans que jamais le film ne vire au noir. Pourtant, c'est sans fard que Blandine Lenoir dépeint les difficultés quotidienne d'une quinqua. Sans trop de mots, préférant saisir les moments et les corps, la caméra capte finement des moments de vie auxquels les acteurs donnent une jolie réalité. Ni revendicatif, ni accusateur, le portrait que déroule le film s'avère lumineux et enthousiaste, comme pour montrer que l'on peut évoquer les questions difficiles sans rancoeur. Malgré les situations compliquées que la réalisatrice pointe subtilement du doigt, le film ne cherche pas la polémique mais la contourne subtilement en décrivant sans amertume les situations compliquées auxquelles les femmes doivent encore faire face en 2017. Entre la composition musicale de Bertrand Belin, l'interprétation d'Agnès Jaoui et la réalisationde Blandine Lenoir, Aurore, plus qu'un portrait fouillé, est aussi un très joli film.