Avignon à Grande-Synthe !

Vendredi (4 juillet), des metteurs en scène avertis, « qui ont de la bouteille », vont accueillir des groupes de 12 personnes : « petite représentation utopique de la société idéale : presque autant d'hommes que de femmes, pas plus de trois riches, au moins une personne ne sachant ni lire ni écrire, un handicapé, trois profs maximum, deux enfants pour nous rappeler ce que c'est la vie. Et des habitants de Grande Synthe comme des belges ou des gens du Sud de la France », résume Brigitte Mounier, instigatrice de ce joyeux Manifeste. Tout ce petit monde durant une semaine, va travailler en ateliers, des spectacles que l'on verra le week-end prochain.

« Le premier jour, ce sera liberté sexuelle ! Antoine Pickels et ses stagiaires présenteront un regard sur le corps. A Grande Synthe, c'est un défilé d'artistes toute l'année, pourtant, dans la vie quotidienne, on note une régression culturelle au niveau des moeurs, mai 68 est bien loin... Et ce n'est pas du qu'à la religion. Être homo ici, c'est compliqué. » Sandrine Verstavel, présidente de la gay pride viendra d'ailleurs témoigner, puis ce sera fromage et vins, le repas du soir ouvert à tous, artistes, stagiaires, public... Suivra le spectacle In Nomine, basé sur l'agression d'un jeune homosexuel dans le Pas-de-Calais, « très fort, contemporain ». Le 12 juillet : journée africaine. Restitution d'un atelier sur la dictature, la starification de l'individu, avec Elizabeth Bakambamba Tambwe, à la fois chorégraphe, metteur en scène, et plasticienne. Débat avec Colette Braeckman, grand reporter en Afrique, qui déteint certaines informations que les grandes entreprises européennes préféreraient qu'elle taise. Le repas, bien entendu aux couleurs de l'Afrique, sera suivi d'un spectacle racontant la situation du quidam au Congo, « propos très quotidien sublimé par la chorégraphie et la scénographie. Et comme d'habitude, tout le monde se retrouvera à la buvette en fin de journée, pour continuer le débat. » La dernière journée sera familiale : restitution des ateliers vocaux, très ludiques, pièce de Brigitte et de sa Cie des Mers du Nord, à ne louper sous aucun prétexte, « farce économique montrant comment l'entreprise se sert de l'enfance pour faire du racket dans le portefeuille de la mère de famille ». Le débat restera sur ce thème de l'enfant roi à l'enfant proie, puis repas de la Mer du Nord, suivi du groupe Off : collectif belge, spectacle haut en couleurs sur le Rwanda. En fil rouge sur les trois jours : une expo, travail vidéo sur les migrants, une librairie, « qui fait plus de recettes que la buvette ! », et, partout, tout le temps, atelier-spectacle dans toute la ville et à Dunkerque, « dans des lieux éloignés de la culture », revue de presse du matin, loin de la langue de bois. Pour terminer de vous convaincre, « on vient même vous chercher à la gare ! Et si vous venez avec votre sac de couchage et votre brosse à dents, on vous trouve un logis gratuit ! » La curiosité, la confrontation, le mélange, ça fonctionne ainsi chaque année, ouvrant un lieu d'expression libre, de réflexion, mais aussi de détente. « On n'est pas obligé de courir en Avignon pour avoir du théâtre censé ! On le fait pour les gens qui restent ici. » Dernière petite phrase de la metteure en scène, pour la route : « La culture, ça rapporte beaucoup plus que ce que ça coûte, c'est tout bénef ! » Conclusion : allez vous enrichir au Manifeste !