La vraie famille
Il a fallu du temps à Fabien Gorgeart après Diane a les épaules, pour trouver la bonne approche pour porter à l'écran un récit dont il puise l'inspiration dans le parcours de sa famille. Sans jamais chercher à se poster du côté d'une approche technique qui ne chercherait qu'à décrire le travail d'une famille d'accueil, le cinéaste choisit de se placer du côté de ses personnages. En décrivant avec finesse l'inévitable attachement d'une mère de substitution à l'enfant qui lui est confié, le cinéaste assume le choix de se placer du côté de l'émotion, sans chercher à en abuser. Dans les pas d'une Mélanie Thierry, brillante de trouble retenu, et de son tout jeune partenaire, la réalisation dessine les contours du vertige soudain qui saisit leur relation. Avare de distractions quant au décor et à l'histoire des personnages, le film se concentre sur ses moments où il faut inévitablement défaire un lien. La caméra, agile pour capter avec talent la vie de la famille dans de longs plans traversés d'énergie, se fait plus sage à mesure que la situation se complique, dessinant dans l'imbrication des regards et des gestes, ce qui se joue entre affection et irrésistible. Dans une pertinent économie de mots, Gorgeart évoque avec sensibilité les liens invisibles que tisse une communauté de vie, à bonne distance entre angélisme et drame social.
Publié le 14/02/2022
Finement mise en scène, cette chronique d'un amour trop fort s'appuie sur une réalisation parfaitement ajustée qui laisse à des comédiens formidables de justesse toute la place pour s'exprimer
Film français de Fabien Gorgeart avec Mélanie Thierry, Lyes Salem, Félix Moati. Durée : 1h42.