On avait apprécié son ton incisif et sa façon d'inscrire son travail dans le flot du monde. Fort heureusement, c'est un trait que l'auteure a su conserver dans ce nouveau roman qui raconte la confrontation de Nora, 36 ans, et de son trio d'amis inséparables, à la fin plus ou moins annoncée du monde via une épidémie de variole aussi galopante que mortelle. À travers le prisme du regard de son héroïne, dont le ton cynique peint le portrait très noir d'une humanité égoïste qui, loin de se ressaisir face à la menace, sombre avec un manque de réaction sidérant. Finies les métaphores hasardeuses à rallonge, Fanny Chiarello a considérablement affirmé une écriture qui reste sans concession mais se montre joliment capable de croquer (joliment ou cruellement) un portrait – ou une pensée - en une phrase. Son héroïne, Nora, trouve dans l'écriture une planche de salut face au naufrage de la société. Entre la prophétie intime et la licence artistique, le lecteur se fera son opinion. Mais voilà un joli roman de la maturité qu'on ne saurait que trop vous recommander, que vous soyez fâchés avec le monde et les autres, ou pas.