LA MENAGERIE DE VERRE

La traduction fidèle du texte de l’auteur américain rend parfaitement compte de l’intense charge émotionnelle d’une pièce aux échos autobiographiques. Décors, costumes, musique et jeux de lumières nous plongent au cœur de la grande dépression des années 30 qui nourrit le pessimisme et la souffrance des personnages.

Cristiana Reali incarne avec grâce Amanda, mère de famille abandonnée par son mari. Entre douceur et dureté, elle est tout à la fois une femme insatisfaite, minée par ses rêves de jeunesse inassouvis et frustrée d’un passé heureux, et mère aimante autant que culpabilisante de Laura et de Tom. Pour l’hyper sensible Laura, jeune fille timide et inadaptée qui se réfugie dans l’imaginaire pour se protéger d’un monde contre lequel elle n’est guère armée, elle voit le mariage comme la solution et demande à Tom de lui présenter un prétendant. Dans le rôle d’homme de la maison, Charles templon joue avec beaucoup de subtilité ce fils étouffé par le poids du devoir et des responsabilités, dévoré en silence par une réalité bien loin de ses propres rêves et de ses aspirations créatives. Félix Bauperin quant à lui donne une belle présence au personnage de Jim, qui joue le jeu pour ne pas blesser tandis qu’il court lui aussi après d’autres rêves.
L’élégance de la mise en scène et le jeu lumineux des comédiens donnent une irrésistible transparence à cette impitoyable ménagerie de verre : à y observer l’intime de cette famille malmenée, c’est l’universel que l’on voit !